Cette histoire se passe sur Belle Ile en Mer dans les landes de Kerlédan.
Si vous vous promenez pendant vos vacances, vous rencontrerez deux pierres dressées – deux menhirs. Elles sont distantes de quelques centaines de mètres – n’allez pas croire les cartes postales qui les montrent assez prés l’une de l’autres, elles sont truquées car leur sort en a voulu autrement. Ces deux pierres pourtant si loin semblent vouloir se réunir. Elles sont le triste témoignage visible d’un amour interdit : celui de Jean et de Jeanne.
L’histoire nous ramène à l’époque où la France se nommait la Gaule. Notre pays, géographiquement différent de notre époque, n’était pas encore envahi par les armées de Jules César. Une petite colonie de gaulois vivait un peu à l’écart du pays, sur l’Ile. Elle était pas très riche et principalement dirigée par les druides, seule communauté à avoir droit à la richesse. Les druides et les bardes se transmettaient la connaissance de père en fils, et pour se marier avec un de ses personnages, une femme devait être d’un rang assez égal.
A cette époque là, il y avait sur cette île, deux jeune gens qui se nommaient Jean et Jeanne. Ils se connaissaient depuis leur tendre enfance et ils s’aimaient. Jean était fils de barde et barde lui même. Il était issu d’une famille riche. Mais les deux seules choses qui comptaient pour lui c’était de chanter la nature, la mer et la gloire des guerriers celtes et bien sûre son amour pour Jeanne.
Jeanne était la fille de bergers. Elle n’avait aucune richesse et aucun rang. Elle passait sa vie à garder les moutons et à préparer les fourrures pour se protéger du froid de l’hiver. La seule liberté qu’elle se permettait, était de retrouver son bel amoureux au bord de la mer et de l’écouter chanter. A ses yeux, Jean était le plus beau et le plus merveilleux des hommes. Ils se marieraient dans un futur proche, ils se l’étaient promis.
Jean, jeune homme insouciant, parla de ses projets d’union à son père. Il n’imagina point la réaction de celui-ci et la suite de l’histoire.
Le père, furieux du projet de son fils, alla rapporter les confessions de Jean aux druides les plus anciens de l’île. Cela mena la colère des anciens qui ne tardèrent à réunir le conseil des druides. Après longue discussion, ils se mirent tous d’accord qu’il était hors de question que Jean, fils de barde, prenne comme épouse une fille de berger.
Le père de Jean lui rapporta le jugement des druides. Jean n’en tint pas compte. Il continua à voir Jeanne au bord de la mer ou dans les landes de Kerlédan. Une nuit de pleine lune, Jean demanda à Jeanne de le retrouver dans les landes pour lui soumettre une idée. Jeanne sortit sans bruit de la hutte de ses parents, se glissa dans la bruyère et rejoignit son bel amour. A la vue de celui-ci au sommet des landes, elle se mit à courir vers lui. Mais voilà que ses jambes restèrent figées et devinrent lourdes. Elle les regarda et vit que sa chair se transformait en pierre. Elle voulu appeler Jean en criant sa détresse mais aucun son ne sortit de sa bouche. L’ensemble de son corps était devenu rocher. Jean vit que quelque chose arrivait à sa bien aimée. Il voulu la rejoindre mais il ne put bouger. Son corps se changea aussi en roche. Chacun d’eux était devenu rocher. Ils pouvaient se voir mais plus jamais se rapprocher de l’un l’autre et ils ne pouvaient plus jamais se parler.
Les druides, sous le coup de la colère par le refus des jeunes amants, décidèrent de les punir en les transformant en pierres dressées. Ainsi les deux jeunes gens seraient visibles des autres à tout jamais, leur montrant ce qu’ils risquaient si ils mettaient les druides en colères. Comme ils n’avaient pas le pouvoir de le faire eux même, ils chargèrent la sorcière du pays de Bord-Groa de cette mission.
Jean et Jeanne étaient donc devenus deux menhirs pour l’éternité. Ainsi se termine cette triste légende. Mais une autre version lui donne une fin moins sévère. Une fée qui s’aperçu de leur triste sort, décida d’intervenir.
Elle ne pouvait pas détruire le maléfice de la sorcière mais elle pouvait l’atténuer. Elle fit en sorte que chaque nuit, les deux amants puissent se rejoindre, en restant de pierre, et s’aimer jusqu’au petit jour. A la levée du jour, ils devaient avoir regagné leur place. Ainsi chaque nuit les deux pierres amantes se rejoignent et l’on dit, dans la région, qu’ils donnèrent naissances à de nombreux enfants : les alignements de Carnac.